Nous avons précédemment parlé de l’autisme au travail dans le cadre de la journée de l’autisme. La première semaine d’octobre 2023 était consacrée à la dyslexie. Et tout comme pour l’autisme, les collègues dyslexiques représentent une énorme valeur ajoutée au sein de l’équipe et de l’organisation grâce à leurs talents et aux nouvelles perspectives qu’ils apportent. Ces talents sont souvent éclipsés par une focalisation excessive sur les défis ou les préjugés concernant les personnes dyslexiques au travail, comme le fait qu’elles seraient paresseuses ou stupides. Lisez la suite pour en découvrir davantage sur ce neurotype et son impact positif au travail.
Qu’est-ce que la dyslexie ?
La dyslexie renvoie en fait à un style de pensée différent ou une autre manière de percevoir le monde et d’interagir avec lui. Les personnes dyslexiques traitent le langage d’une manière différente de ce qui est souvent considéré comme la norme, surtout en matière de lecture et d’écriture. Comme pour d’autres neurodivergences, chaque dyslexique présente des défis et des forces uniques au travail.
Quelles forces observons-nous souvent au travail chez les collègues dyslexiques ?
- Ce sont souvent des penseurs visuels ou auditifs, et excellent parfois aussi dans la pensée 3D, ce qui leur permet de transformer et de transmettre une abondance d’informations complexes ou abstractes en messages, designs ou formats clairs, concrets et attrayants comme la vidéo, les infographies, les dessins, les graphiques, … Ils voient aussi souvent des liens ou des motifs sous-jacents qu’ils peuvent facilement traduire en visuel pour le rendre plus compréhensible pour tous.
- Les dyslexiques sont souvent créatifs et doués pour la résolution de problèmes ou la pensée “out-of-the-box”. Cette force les amène à proposer des innovations, de nouvelles visions ou perspectives, des idées non conventionnelles qui permettent à l’entreprise de se distinguer de la concurrence, … Dans les environnements informatiques, par exemple, ils excellent souvent à rendre la conception web accessible et à améliorer l’expérience utilisateur pour tous. En marketing, il peut s’agir de campagnes qui attirent l’attention et sont très efficaces ou d’une histoire de marque qui résonne auprès du groupe cible.
- Les collaborateurs dyslexiques ont souvent de solides compétences interpersonnelles et peuvent très bien se mettre à la place des autres (empathie et QE élevé). Ils contribuent ainsi souvent positivement à l’ambiance et à la dynamique de l’équipe. Ils excellent aussi souvent dans des rôles exigeant ces compétences, pensez aux fonctions de direction, de conseil ou de soins.
- Ils ont une très forte mémoire à long terme pour les informations visuelles et les expériences. C’est pratique lorsque des informations détaillées d’une situation antérieure sont nécessaires pour prendre une décision éclairée.
- Souvent, ils possèdent également ténacité, résilience et persévérance. Ce sont donc les collaborateurs qui persévéreront dans un projet ou une tâche malgré les obstacles ou les revers rencontrés sur leur chemin. Ils feront souvent les premiers pas ou donneront des conseils en vue d’un changement ayant un impact positif.
À quels défis se heurtent-ils aujourd’hui au travail ?
- La gestion et la perception du temps peuvent être un défi pour certains. Il peut donc être utile d’avoir un parrain (‘buddy’) ou un allié qui aide à suivre les tâches, les plannings et les échéances.
- Les employés dyslexiques peuvent parfois rencontrer des difficultés avec leur mémoire à court terme. Cela peut entraîner la peur d’avoir oublié quelque chose (peur de l’échec). Envoyez-leur donc des rappels visuels ou auditifs pour des instructions données précédemment.
- Certains collaborateurs dyslexiques éprouvent des difficultés à décoder les mots, à orthographier et à organiser leurs pensées sur papier. Cela conduit parfois à la frustration et à un sentiment d’infériorité.
- En raison des préjugés lors des procédures de recrutement, de nombreux dyslexiques occupent des emplois inférieurs à leur niveau d’intelligence. Après l’embauche, leurs talents sous-estimés peuvent entraîner des conflits avec leurs supérieurs, car ils en font plus ou abordent les choses différemment de ce qui est attendu d’eux.
- Les collaborateurs dyslexiques reçoivent aussi parfois des remarques lors des évaluations indiquant qu’ils ne font pas assez d’efforts ou sont trop imprécis. Ce qui peut être très démotivant et frustrant. C* ertains dyslexiques trouvent difficile, lorsqu’ils voient déjà clairement la solution, de devoir encore l’expliquer en détail à leurs collègues pour les convaincre. Cela coûte beaucoup d’énergie et peut engendrer de la frustration chez le collègue dyslexique.
Comment pouvez-vous, en tant que collègue ou dirigeant, les soutenir au mieux au travail ?
- Assurez un environnement de travail où la sécurité psychologique est présente.
- Appliquez une politique de tolérance zéro envers les préjugés, la discrimination (in)directe et le langage non inclusif.
- En tant que dirigeant, donnez le bon exemple : parlez ouvertement de neurodiversité et de dyslexie.
- Fournissez à l’équipe et à l’organisation de la documentation et des formations sur la neurodiversité pour que chacun comprenne mieux le sujet.
- Assurez-vous que les managers et l’équipe reçoivent l’accompagnement adéquat en matière de neurodiversité au travail.
- Communiquez de manière claire, ouverte et transparente. Ne laissez pas les incompréhensions et les frictions suivre leur cours, mais abordez-les directement avec l’équipe.
- Reconnaissez les forces du collaborateur dyslexique et utilisez-les.
- Donnez au collaborateur dyslexique la flexibilité et l’espace nécessaires pour organiser son travail comme il le souhaite ou l’estime nécessaire, et aussi pour pouvoir exploiter pleinement ses talents.
- Prévoyez des ajustements raisonnables qui réduisent les défis individuels ou éliminent les barrières systémiques, comme les logiciels de synthèse vocale (’text-to-speech’), les logiciels de correction orthographique, un enregistreur numérique, un filtre d’écran anti-reflets, le ‘job crafting’, …
- Prévoyez une sorte de parrain (‘buddy’) qui aide l’employé dyslexique avec ses défis comme la relecture de documents, …
- Assurez-vous que l’information soit disponible à la fois par écrit et en visuels, vidéo ou audio.
- Adoptez une approche individuelle, car chaque employé dyslexique est unique et possède des talents et des défis uniques.
Comment s’assurer que les candidats dyslexiques ne soient pas exclus ?
Tout d’abord, assurez-vous que les offres d’emploi leur soient également accessibles. Cela peut se faire en proposant l’offre également en vidéo ou audio, en leur permettant de postuler avec un message vidéo au lieu d’un texte écrit. Et aussi en tenant compte du contraste et de la police de caractères, et en veillant à ce que l’information soit facilement lisible par les logiciels de synthèse vocale.
Prévoyez un processus de recrutement adapté et équitable, afin qu’ils ne soient pas exclus dès le premier entretien. Renseignez-vous toujours sur leurs besoins/souhaits spécifiques. Soyez flexible pour adapter le processus de recrutement, comme accorder du temps supplémentaire ou proposer des tests de sélection adaptés ou fournir des outils de soutien.
Conclusion
En bref, les collaborateurs dyslexiques sont un atout précieux pour toute équipe et organisation. En offrant l’accompagnement, le soutien et la compréhension adéquats, ils peuvent exploiter pleinement leur potentiel et être eux-mêmes au travail.
Les ajustements énumérés profitent en fait à tout le monde sur le lieu de travail et favorisent la collaboration, la dynamique d’équipe et la productivité. Ce qui conduit à un rendement accru pour l’entreprise.
Laat ons dus samen bijdragen aan een neuro-inclusieve werkomgeving.
Daphné De Troch a appris à créer un environnement de travail avec la sécurité psychologique présente et à diriger une équipe de personnes neurodivergentes après avoir reçu un diagnostic de TDAH et d’autisme. Elle a créé Bjièn avec Dietrich pour aider d’autres responsables et équipes à se sensibiliser à la neurodiversité et à faire en sorte que leur lieu de travail soit neuroinclusif. — Plus sur Daphné